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09/03/2016

Ecran mental et solitude

Extrait du livre :

 

 

Maintenant que nous avons commencé à comprendre que nos concepts qui jalonnent notre vie, ne sont que les pièces du puzzle de notre façon psychologique d’appréhender le monde, maintenant que nous avons compris pourquoi nous refusons certaines pièces, et le désordre que cela entraîne, nous allons observer comment elles se projettent sur notre écran mental et ce qui en découle en terme d’isolement, de solitude.

Cette observation du désordre est déjà un grand pas vers une action pleine de passion d’aller voir le film que je joue chaque jour à chaque seconde. Ce film qui me maintient dans ma réalité individuelle, celle qui me donne mon rôle, l’acteur que je suis.

Observons comment à chaque seconde ce sont plusieurs images qui peuvent venir s’afficher sur mon écran mental, par écran je veux parler vraiment de ces images qui sont projetées par ma pensée quelque part dans ma tête, personnellement je peux presque les situer en avant de mon front, projetées comme sur un écran de cinéma… Allez-y, un petit effort, je suis sûr que vous pouvez tout autant que moi vous focaliser sur ce qui traverse votre tête !

Et c’est là que nous plongeons dans la qualité de l’observation du monde si chère à Jiddu, tant qu’aucune image n’est formée par ma pensée lorsque j’observe ou vie quelque chose, je suis proche de la vérité de ce qui est. Dès que la pensée qui juge, qui compare, qui se déplace dans le temps, va commencer à projeter une image, je vais perdre ma relation directe avec ce que j’observe, un voile, une surimpression va se créer et je ne vais plus qu’avoir une vision déformée de la réalité. Nous allons très vite comprendre que la pensée va mettre son grain de sel dans l’observation, la pensée dans ce cas est vieille, puisque c’est de souvenir dont elle va se servir, hors un souvenir, on ne peut pas faire plus vieux ! Et bien sûr que vais-je perdre ? L’instant ! La relation vraie avec ce qui dans l’instant est devant moi …

J’insiste sur la pensée issue du mental, mais je ne rejette pas l’intelligence du mental qui est capable de comprendre ou d’analyser une situation …

Nous allons prendre un exemple récent, c’est arrivé hier et vous allez voir comment le « vieux » empêche toute tentative d’appréhension spontanée, avec une réaction tout aussi vraie et spontanée. La spontanéité est totalement dénuée du temps, elle est action dans l’instant, sans pensée vieille ni pensée de projection future, ce peut être une émotion, joie ou colère, une action comme de prendre dans ses bras, toucher, parler …Notez que la spontanéité est sans jugement, dès que le jugement apparait, c’est la pensée qui agit allant chercher la sécurité, les croyances etc …

Nous allons voir comment l’intervention de la pensée, va venir couper la relation vraie et directe avec ce qui est observé et comment les actions ou non actions qui suivront seront totalement faussées.

C’était hier, mon fils Jules rentre de la piscine, je suis allé le chercher, Nathalie passe le weekend avec nous, ses enfants étant chez leur papa.

Jules entre dans la maison, Nathalie gentiment, pleine d’attention, lui demande comment s’est passé ce joli moment partagé avec sa petite copine. Jules répond sèchement, ne regarde pas Nathalie dans les yeux et baisse la tête, première observation dans  l’instant et spontané en moi : Jules ne répond pas dans la douceur, étrange, Nathalie est attentive à Jules, ça c’est l’analyse vraie de mon mental. Et c’est  à ce moment que les premières images apparaissent, jusque-là l’observation était vraie et correcte.

Spontanément j’aimerai faire remarquer à Jules que son ton n’est pas celui de d’habitude, sans jugement et qu’il l’observe. Mais ma pensée va intervenir, si je dis cela à Jules quelle réaction va-t-il avoir ? Il va s’énerver, il l’a déjà fait (notez comme déjà les premières images issues du passé interviennent). Je n’ai pas envie de gérer un conflit, j’en ai peur, peur de l’instabilité que je peux créer (ça c’est la base de ma pensée, cette peur de l’instabilité qui empêche d’agir spontanément et de façon vraie). Deuxième image, comment Nathalie peut-elle réagir à cette forme d’agression de la part de Jules, si la relation vraie en Nathalie est là, pas de soucis, mais c’est à nouveau une image du passé et des réactions de Nathalie possibles qui vient à émerger sur mon écran mental. Bilan je perds encore plus ma spontanéité, ayant peur de commencer un débat avec Nathalie en intervenant, qui peut se terminer avec une montée en puissance de l’instabilité générale si personne n’arrive à maintenir le vrai.

Ma pensée est venue totalement bloquer ma spontanéité mentale, le tout basé sur de l’ancien ! Qu’est ce qui me prouve que Jules ne va pas bien accepter la remarque, que Nathalie va cautionner tranquillement ma remarque ?

En deux mots : Jules avait perdu sa relation vraie avec nous, il refusait la communication, il était donc en état de solitude (surement due à une contrariété, un conflit créé bien sûr par sa pensée, insatisfaction devant ce qui « est », le fait de ne pas avoir pu manger avec sa chérie je pense n’y étant pas étranger), j’ai également basculé dans une relation non vraie, parce que ma pensée est venue me pousser à la sécurité, perdant immédiatement ma spontanéité, par peur d’enclencher des mécanismes d’instabilité. Merci à Nathalie qui a su rester calme, acceptant la réalité de ce qui est, avec une vision spontané et sans jugement, laissant la vie faire le reste. Ce qui nous a permis ensuite d’en parler tranquillement puisque elle et moi avions au départ une conscience vraie partagée.    

Il est à noter que dès que je cherche la sécurité, c’est la non spontanéité qui va prédominer, tous les filtres du jugement de ce qui est, que je ne veux pas vivre, vont se mettre en place et ne pas permettre une action vraie. J’en viens à perdre la relation vraie avec moi-même, mon Moi (celui qui a peur) se retrouve en position de totale solitude (ça l’arrange bien comme ça en ignorant il se croit en sécurité) , devant rompre toute relation avec ce qui est, la vérité de ce qui est. Chacun des protagonistes pouvant en faire de même, voyez-vous à quel point la solitude envahie la relation ? Comment nous ne sommes plus en relation vraie avec nous même, comment nous ne sommes plus en relation vraie avec celui qui est en face de moi ? Et cette solitude est source de mes névroses, elle ne peut que les amplifier, nous avons besoin de la  relation, nous sommes des êtres de relation, pas des solitaires.

Allez y observez quelles images se forment sur votre écran mental, comment elles vous coupent de la relation vraie, quels sont vos modes de protection, le tout sans juger, nous sommes là pour observer la vie, l’expérimenter, et pourquoi pas toucher l’ordre, naissant de l’observation du désordre, et tout ça dans le vrai !

L’ordre est la relation vraie, permettant la spontanéité de chaque instant, observer le désordre est déjà action spontanée et permet la reconnexion vraie avec soi-même ! Et quand je suis vrai avec moi-même, je peux devenir enfin vrai avec le monde.